Sit-in devant l’ambassade du Sénégal à Nouakchott : la « folle colère » des sénégalais de Mauritanie

30 August, 2016 - 01:58

La police mauritanienne a dispersé pacifiquement, ce lundi 29 août, une centaine de manifestants sénégalais qui réclamaient devant la représentation de leur pays à Nouakchott le départ de leur ambassadeur, SEM Mamadou Tall. Ils l’accusent d’inertie face aux difficultés récurrentes des ressortissants sénégalais vivant en Mauritanie, «comme si cela ne le concernait pas », fit remarquer un jeune manifestant en colère.

«Nous sommes pourchassés jour et nuit, nos enfants sont traumatisés et nos femmes ont peur d’aller au marché », rouspète Ousmane Faye, maçon résidant à Nouakchott depuis 15 ans. Brandissant des banderoles où se détachaient «Nous ne voulons plus de cet ambassadeur », les Sénégalais de Mauritanie estiment que leur diplomate ne s’est jamais déplacé dans un commissariat de police pour s’enquérir de la situation de ses compatriotes détenus souvent dans des conditions atroces pour n’avoir pas de carte de séjour. «Il y a un prisonnier sénégalais qui a entamé une grève de la faim et notre ambassadeur n’a même pas levé le plus petit doigt pour s’enquérir de sa situation ou exiger à ce qu’il soit refoulé chez lui », tempête Dame Gning, un Thiéssois, menuisier dans le 5ème arrondissement.

Et les griefs contre le diplomate sénégalais de pleuvoir comme des grêles, «il ne s’enquiert jamais de la situation de la colonie, pas de service social, pas de facilités pour le transport de nos morts décédés en Mauritanie, pas de solidarité avec les ressortissants, un diplomate-climatiseur… »

Très tôt ce matin du lundi 29 août, ils étaient ainsi des dizaines à se lever au petit jour. Foule surexcitée mais disciplinée. C’est une colonie sénégalaise qui était là, masse indignée par une colère collective face aux exactions dont ils se disent victimes de la part des services de sécurité mauritanienne qui les interpellent chaque jour  dans la rue, dans leur domicile, dans leur lieu de travail. Le sit-in devant l’ambassade du Sénégal répondait au mot d’ordre lancé par Assane Gaye, président des Fédérations et Associations des ressortissants sénégalais en Mauritanie qui regroupent plusieurs dizaines d’organisations et des milliers d’adhérents. La police mauritanienne harnachée et prêt à toute éventualité était déjà sur place, empêchant les manifestants de prendre d’assaut les locaux de l’ambassade. Il y avait de l’électricité dans l’air, mais policiers et manifestants avaient chacun respecté ses limites en évitant soigneusement toute friction. Les forces de l’ordre, alignées devant le bâtiment où flottait fièrement un drapeau rouge jaune vert étoilé de l’ambassade du Sénégal, protégeaient les lieux. De leur côté, les manifestants s’étaient contentés de brandir haut leurs banderoles pour qu’ils soient vues, tout en haussant le ton, pour être entendus. Scandant des slogans hostiles à l’ambassadeur, ils ont prolongé leur sit-in pendant quelques heures avant de se disperser dans le calme. Peu d’incidents ont été signalés sinon une brève interpellation du responsable des fédérations et associations sénégalaises qui a été aussitôt relâché.

« Les Sénégalais de Mauritanie  vivent des difficultés récurrentes. Notre ambassadeur ne se sent pas concerné par ces difficultés. Il n'accorde aucune considération à ses compatriotes », selon un communiqué des manifestants .

Le communiqué ajoute:« Nombreux sont les Sénégalais raflés quotidiennement, certains dans leur lieu de travail».

 

« Les Sénégalais de Mauritanie ne bénéficient d'aucune assistance consulaire. Un détenu sénégalais, est en grève de la faim depuis plus dune semaine. Il n’a jamais reçu de visite des services diplomatiques», a déclaré  Assane Gueye, président de la Fédération des Associations et Groupements des Sénégalais de Mauritanie.

 Ils ne sont pas assistés par l’ambassadeur qui « n'a jamais répondu favorable » à leur demande d'audience.

Les autorités diplomatiques sénégalaises n’ont pas souhaité réagir sur cette affaire.

Auparavant, le porte-parole des Sénégalais en Mauritanie, Souleymane NDiaye avait déclaré sur les ondes de RFM à la veille de la manifestation, qu’ils «prévoyaient de perturber le fonctionnement des services de l’ambassade pendant des heures ».