Procès de Ould Ghadde, ce jeudi?

17 May, 2017 - 15:29

Le procès du sénateur de Tevragh Zeïna, Mohamed Ould Ghadde, mis en examen pour « faits flagrants qualifiés d’homicide et blessures involontaires et la conduite d’un véhicule non assuré », pourrait s’ouvrir, ce jeudi 18 mai, devant la Cour criminelle de Rosso. C’est en tentant d’éviter des animaux en divagation, que la  voiture d’Ould Ghadde  avait  heurté de plein fouet, le 12 mai dernier, une femme eincente et un enfant sur la route Nouakchott/Rosso, les tuant sur le coup et blessant gravement une autre enceinte, toujours hospitalisée, et deux autres personnes dont une femme. Il sera par la suite arrêté et détenu dans la caserne de la gendarmerie à Rosso, avant d’être déferré lundi devant le procureur de la République.
Quelques heures après son placement à la prison de Rosso, l’opposant en pointe dans le combat pour le rejet d’un projet de réformes constitutionnelles, dans un posting sur facebook avouera être  trop affecté par les évènements du weekend dernier, consécutifs à ce dramatique accident révélant qu’il indemnisera les victimes conformément au droit et à la Charia.
Le sénateur s’est engagé par ailleurs à «prendre en charge la scolarité des 5 enfants de la victime pendant 10 ans, comme aurait fait, ajoute-t-il, l’honorable femme de son vivant. »
Ne comptant pas solliciter une  « liberté provisoire, ni même user du trafic d’influence », Ould Ghadde a appelé, à la restauration du respect du à sa personne et son immunité parlementaire.
Pour sa part, maître Ahmed Salem Ould Bouhoubeiny, avocat du sénateur, parle "d’une affaire politique gérée au plus haut niveau par le pouvoir". L’avocat soutient que «le véhicule du sénateur est régulièrement assuré et que les ayants droit de la victime ont formellement annoncé ne pas porter plainte. Mais, curieusement, dans la gestion de cette affaire, l’immunité parlementaire de l’élu a agi comme une circonstance aggravante».
L’ancien bâtonnier estime «que ce n’est pas le citoyen Mohamed Ould Ghadde qui est emprisonné, mais le sénateur, l’opposant, le membre d’une Chambre haute qui a rejeté un projet de révision constitutionnelle défendu par le pouvoir».
Pour leur part, les sénateurs mauritaniens, opposés à la réforme et qui soutiennent leur confrère, brandissent l'article 50 de la constitution mauritanienne de juillet 1991 qui dispose qu'«aucun membre du parlement ne peut être poursuivi, recherché, arrêté ou détenu, à l’occasion des opinions ou des votes émis par lui dans l’exercice de ses fonctions. Aucun membre du parlement, ne peut pendant la durée des sessions, être poursuivi ou arrêté en matière criminelle, sauf cas de flagrant délit. Aucun membre du parlement ne peut hors session, être arrêté qu’avec l’autorisation du bureau de l’assemblée dont il fait partie, sauf dans le cas de flagrant délit, de poursuites autorisées ou de condamnation définitive. La détention ou la poursuite d’un membre du parlement est suspendue si l’assemblée dont il fait partie le requiert».
Pour justifier la décision d’écrou du sénateur, en l’absence de plainte des ayants droits des victimes, le parquet général s’est fendu d’un communiqué indiquant que : «les circonstances de flagrance dans lesquelles le sénateur Mohamed Ahmed Ghadda a commis ces infractions lui ont fait perdre son immunité parlementaire conformément aux dispositions de l’alinéa 2 de l’article 50 de la constitution » d’où sa garde à vue à la brigade de gendarmerie de Rosso, conformément aux dispositions des articles 46, 57 du code de procédure pénale.
Dans la foulée, l’administration pénitentiaire a procédé à un désengorgement dela prison civile de Rosso. 22 de ses pensionnaires ont été transférés à la maison d’arrêt de Dar Naïm.