Mohamed Vall ould Handeya, président du Manifeste des Haratine, dans une interview exclusive: ‘’Par sa politique et ses actes, le gouvernement nourrit l’injustice, la ségrégation et l’exacerbation des tensions communautaires’’

18 May, 2017 - 01:01

Le Calame : Le 29 avril dernier, le Manifeste des Haratine a célébré  son 4e anniversaire, mais en rangs dispersés.  Pouvez-vous nous expliquer les raisons ?

 

Mohamed Vall ould Handeya: Ceci est, en partie, inexact. Ce n’est qu’à Nouakchott que, malheureusement, la célébration du 4ème anniversaire de la proclamation du Manifeste (Al Mithaagh) pour les droits politiques, économiques et sociaux des Haratine au sein d’une Mauritanie unie, égalitaire et réconciliée avec elle-même, s’est faite en rangs dispersés. Par contre, dans les villes de l’intérieur du pays comme Nouadhibou, Zouérat, Atar, Kiffa, R’kiz et Rosso, elle s’est déroulée dans l’unité la plus totale et l’entente parfaite entre tous les porteurs de cette unique voie de salut pour la Mauritanie qu’est Al Mithaagh. Dans certaines de ces villes comme Nouadhibou, la célébration était même historique. Jamais, de mémoire des habitants de cette ville, une affluence populaire aussi intense et spontanée ne s’est produite comme celle qu’a connue la commémoration du 4ème anniversaire d’Al Mithaagh à Nouadhibou. Les rassemblements politiques du pouvoir et de l’opposition, faits à grands renforts d’argent et de propagande, ont été tous oubliés et rélégués loin derrière ce sursaut national et spontané des habitants de la ville de Nouadhibou que je salue chaleureusement pour cette grande mobilisation en même temps que je salue les habitants des autres villes de l’intérieur du pays qui n’ont pas démérité et ont tous réussi une célébration beaucoup plus éclatante et plus expressive que la terne commémoration de Nouakchott qui semble focaliser toute votre attention. Ces immenses mouvements de foules des villes de l’intérieur ont été royalement ignorés par les médias nationaux qui ont préféré mettre l’accent sur de prétendues divisions qui, de notre point de vue, ne sont rien d’autre que des différences d’approches et d’appréciations. Les organisateurs des différents meetings et marches à l’intérieur du pays, m’ont transmis les films des évènements de leur commémoration. Je mets les supports électroniques de la couverture de ses festivités à la disposition des médias qui voudraient bien les exploiter et en informer l’opinion. Ceci dit, il est vrai qu’à Nouakchott, la multiplicité des manifestations au cours de cette commémoration, ont terni l’image d’Al Mithaagh et ont donné du tournis à tant de ses plus fidèles supporters dont la plupart se sont abstenus de participer à ces cérémonies pour ne pas cautionner la division. En ce qui nous concerne, nous tendons la main et nous ne ménagerons aucun effort pour retrouver l’unité sur la base de l’action sans relâche et sans désespérance pour réaliser les objectifs que nous nous sommes fixés. A cette fin, nous nous inscrivons dans une optique nationale et non particulariste ou sectaire. C’est ce à quoi nous avons toujours oeuvré pour rassembler le maximum de mauritaniens autour des idéaux de justice, d’égalité et de représentativité pour tous les citoyens ; idéaux qui constituent l’essence même d’Al Mithaagh.

 

 

Il y a quelques mois, vous aviez choisi de quitter le mouvement  avant de faire l’objet d’exclusion.  Pouvez-vous nous dire quelle a été l’origine de votre divorce ?

 

D’où tirez-vous cette information saugrenue et qui, à la limite, frise le ridicule. Mes amis et moi qui avons refondé le Manifeste en date du 29 Octobre 2016, avons, quelques années auparavant, veillé des nuits durant et travaillé jours et nuits pour concevoir, rédiger et traduire le document d’Al Mithaagh. Dans l’accomplissement de cette oeuvre, le seul apport précieux que nous avons reçu, fut celui de soldats inconnus dans cette phase fondatrice et cruciale. Je saisis, ici l’occasion pour leur rendre un hommage mérité. Par la suite, nous avons rassemblé autour de ce document, non sans beaucoup de difficultés, tout le microcosme de ceux qui sympathisent ou se reclament de la défense des droits des Haratine. Pendant plus de trois ans, nous avons travaillé d’arrache-pied et proposé une multitude d’actions sans en réussir qu’une seule : la marche de l’anniversaire du 29 Avril que nos autres partenaires – qui ne l’ont accepté que sur le tard - tiennent à circonscrire au niveau de Nouakchott tout en limitant toutes nos activités à cette manifestation annuelle orphéline. Pour ces raisons, nous avons demandé, une semaine après le décès de Feu Mohamed Said Hammody, la tenue d’un congrès extraordinaire du Manifeste, rassemblant les deux instances (comité permanent et conseil national qui comptent réunis quelque 200 membres) pour élire un nouveau président, renouveler les instances et élaborer des textes organisationnels. Nous avons fait face à un mur de blocages que nous avons essayé de surmonter quinze mois durant (du mois d’Août 2015 au mois d’Octobre 2016). Après s’être assuré que certains de nos partenaires au niveau du Manifeste ne sont pas disposés à se prêter au jeu du fonctionnement normal de nos instances, nous avons opté, sous la pression insistante de la majorité des instances et des bases populaires, pour la tenue d’un congrès extraordinaire qui s’est tenu les 28 et 29 Octobre 2016 sous l’appellation de « Congrès de la Refondation» auquel nous avons convié tout le monde. Je sais que certains de nos anciens partenaires ont parlé de coup d’Etat…Je leur rappelle que le coup d’Etat est, par définition, l’interruption ou l’entrave au fonctionnement normal des institutions. Dans notre cas, c’est l’entrave faite à la réunion en congrès de nos deux instances (Comité permanent et Conseil National). Les auteurs de cette entrave sont eux-mêmes les responsables du coup d’Etat ou plutôt de la tentative de coup d’Etat…      

 

Malgré  donc ce divorce, vous continuez  à  réclamer  la présidence du  manifeste alors qu au cours d un point de presse vos  anciens amis ont déclaré que vous n'êtes que 2 sur les 20 membres du directoire à avoir quitté.  Dès lors, d’ou  tirez-vous  votre  légitimité de diriger le Manifeste  alors que certains vous reprochent de n’avoir jamais milité pour la cause Haratine?  

 

Vous savez que j’étais officier de l’armée nationale jusqu’à la fin de l’année 2004. En tant qu’officier qui se respecte, je ne peux pas me permettre de penser, même en rêvant, à des considérations dont le caractère apparent est particulariste. Je saisis cette occasion pour lancer un appel pressant à nos forces armées et de sécurité pour chasser de leur esprit toute idée qui puisse les rapprocher de près ou de loin de ce qui se trame sur la scène nationale de revendications à caractère social ou autre. Je suis certain que tant que nous préservons la paix civile et maintenons nos forces armées et de sécurité à l’écart  des influences délétères, nous parviendrons, un jour ou un autre, à réparer toutes les injustices.

Ceci dit, depuis que j’ai pris ma liberté de parole et d’action, je me suis intéressé aux grands défis qui se posent à mon pays. Au prémier rang de ceux-ci, je me suis intéressé tout particulièrement à la cause Haratine pour des raisons bien compréhensibles…J’y suis donc entré par effraction, comme disent certains qui oublient souvent de mentionner que j’y ai atterri avec le Manifeste pour les droits politiques, économiques et sociaux des Haratine au sein d’une Mauritanie unie, égalitaire et réconciliée avec elle-même. Je n’ai aucune prétention d’avoir participé aux luttes antérieures des Haratine que je respecte et apprécie à leur juste valeur. Mais quand on parle du Manifeste des Haratine, l’intrus n’est donc pas moi.  

Pour revenir à la première partie de votre question, vous savez que nous nous sommes toujours abstenus de répondre aux attaques émanant de ceux qui disent partager avec nous le même combat. Cette ligne de conduite résulte de notre conviction profonde que verser dans toute polémique stérile fait le jeu des adversaires de notre cause et nous détourne des questions de fond.  Comme je vous l’ai déjà dit, nous avons tenu un congrès où j’ai été élu président, dans les conditions et pour les raisons que j’ai expliquées dans ma réponse à la question précédente. C’est de ce congrès que je tire ma légitimité. Quant au chiffre de (2) que vous avancez, j’en ai déjà entendu parler avec une multitude d’autres sornettes, voire d’insultes, sans y attacher la moindre importance ; fidèle en cela à notre ligne de conduite d’éviter toute polémique. Pour lever toute équivoque, faites vous-même le compte des membres des anciennes instances du Manifeste qui sont publiées dans un livre que je peux mettre à votre disposition et vous vous rendrez alors compte du dégré du ridicule, de l’ignorance ou de la mauvaise foi de ceux qui profèrent de tels mensonges. D’ailleurs, je vous suggère, en tant que journaliste, de mener vos propres investigations pour rétablir la vérité au lieu de vous limiter à répéter des informations erronnées.

Ce chiffre de (2) est quand même parlant, mais de toute autre chose. Ces (2) ont été à l’origine de l’idée même du Manifeste, ont été mandatés par son noyau fondateur pour conduire sa génèse et son action, ont été à l’origine de sa concrétisation sur la scène nationale, des marches qui s’en sont suivis partout dans le pays sans jamais être au devant de la scène ni être pris par une caméra lors de ces manifestations jusqu’au 29 Avril 2016. Ces (2) ont imposé Feu Mohamed Said Hammody comme président contre l’avis de beaucoup d’autres. Ces (2) ont constitué les structures provisoires du Manifeste et leur ont donné vie. Ces (2) ont mis les autres au devant et se sont rétirés au deuxième rang pour être des soldats de l’ombre pourvu que les objectifs soient atteints. Ces (2) ont rédigé et traduit tous les documents du Manifeste depuis sa création et jusqu’au 29 Octobre 2016…etc. Je suis trop géné de faire l’étralage de tous ces détails qui auraient dû rester à l’ombre pour toujours... Il n’en demeure pas moins qu’il s’agit là de pures vérités qui ne peuvent être contestées par personne et donc ne prétant à aucune polémique possible. Je vous les livre pour l’histoire, pour lever toute équivoque et pour rétablir la vérité face  aux tentatives de détournement ou de récupération, d’intoxication ou de duperie de l’opinion.  

 

Que répondez-vous à ceux qui vous accusent d'avoir été débauché par le pouvoir pour torpiller le Manifeste?

 

Pourriez-vous attacher du crédit à ceux qui vous accusent de vouloir assassiner votre propre enfant pour faire plaisir à qui ou à quoi que ça soit ? Très modestement, je revendique et je m’honore d’être l’un des principaux géniteurs du Manifeste du 29 Avril 2013, d’être à l’origine de l’ensemble de ses principales actions et d’y avoir consacré, de mon temps et de mon énergie, ce que tous ces accusateurs réunis ne peuvent égaler, même au centième près. Il est facile de lancer des accustions surtout quand on n’a que cela comme apport et quand on est congénitalement et intellectuellement inapte à apporter autre chose que la calomnie et les accustions gratuites. Nous avons été contraints à aller vers le congrès de la refondation quand nous nous sommes assurés que certains considèrent le Manifeste comme un concurrent de leur propre organisation. Ils se sont alors évertués à l’éliminer et le vider de son essence par sa limitation à une marche annuelle et unique de 30 minutes qu’ils ont voulu empêcher de toutes leurs forces lors de sa prémière édition, sans succès. Sciemment ou inconsciemment, ils font ainsi exactement le jeu du pouvoir qui s’accomode bien de ce pélérinage de moins d’une heure de temps entre les mosquées marocaine et celle d’Ibn Abass. Pensez-vous que cela soit suffisant pour que les Haratine recouvrent leurs droits ? Les droits s’arrachent et ne sont jamais concédés gratuitement. Pour pouvoir les recouvrer, il faut une vision, une stratégie et de l’action. Les larmoiements ou les appels à la vertu du pouvoir ou de l’opposition ne sont rien d’autre que des excuses pour l’inaction et le manque de clairvoyance. Nous avons donc besoin d’autre chose qu’une myriade de petits mouvements disparates, parcellaires, attachés à l’humeur changeante d’une personne et donc incapables de se rallier à une stratégie de lutte commune. Notre positionnement non partisan – c-à-d à égale distance du pouvoir et de l’opposition – n’implique pas du tout qu’en matière de responsabilité, le pouvoir et l’opposition se situent au même niveau. Loin de là. Nous demandons à l’opposition de poser le problème de l’égalité et de la justice avec plus de force et de sérieux d’abord au sein de ses instances et ensuite sur le plan national. Dans le même temps, nous faisons porter au pouvoir la responsabilité de ses actes. Il est le prémier responsable des inégalités, des injustices et de l’exclusion de larges franges de notre peuple qui ne se limitent pas seulement aux Haratine mais aussi à la caste des forgerons, aux autres franges écrasées par la stratification sociale, aux négro-mauritaniens…etc. Quant à moi, certains me reprochent d’avoir servi mon pays pendant plus de vingt deux ans. Personnellement, j’en suis tellement fier que je rappelle souvent à certains de mes interlocuteurs que je demeure toujours, au moins affectivement, un officier. Cette armée à laquelle j’ai consacré la fine fleur des années de ma jeunesse et bien au-delà, m’a littéralement façonné. Elle constitue pour moi une quasi deuxième famille. J’y bénéficie d’amitiés sincères et de solides rapports de confiance et de considérations mutuelles comme j’y ai également quelques inimitiés.

Si ma carrière au sein de l’armée constitue pour certains un chef d’accusation, qu’ils sachent que, pour moi, c’est mon meilleur motif de fierté. Cela ne veut pas dire que j’ai une quelconque parenté avec le « pouvoir militaire » comme disent certains, ni que j’y suis rélié par des vases communiquants. D’ailleurs, si tel était le cas, le Manifeste n’aurait pas vu le jour et tant de ceux qui s’y réclament aujourd’hui, ne se seraient même pas connus. D’ailleurs, pourquoi le pouvoir voudrait-il torpiller la masse inerte depuis 4 ans qu’est le Manifeste des Haratine? Nos rapports avec le pouvoir, l’opposition ou toute autre entité obéissent à un paramètre unique : leur degré de disponibilité pour nous accompagner dans la réalisation des objectifs d’Al Mithaagh.

Pour le reste, n’est débauchable que celui qui est susceptible de l’être par la facilité dont il a bénéficié pour occuper une place avancée dans une œuvre à laquelle il est étranger.

Pas ceux qui ont écrit le Manifeste du sang de leurs veines.      

 

Pouvez-vous nous dire à quoi ont servi les  quatre marches du Manifeste?

 

Elles ont contribué grandement à l’éveil de l’opinion sur le dégré de marginalisation et d’injustice que subissent les Haratine. Cet éveil s’étend et se répand à l’intérieur du pays. A court ou moyen terme, les effets de cet éveil s’imposeront à tous et leurs résultats se refléteront sur notre vie de tous les jours. Bientôt, il ne sera plus possible d’instrumentaliser les Haratine et d’en faire des faire valoir pour des agendas dont ils sont exclus. 

 

Ne pensez-vous pas que le Manifeste pêche parce qu'il semble victime de la solidarité des uns des autres qui s'affichent pendant ses marches?

 

Oui. Malheureusement, nous constatons l’alignement des protagonistes politiques sur les pans d’Al Mithaagh qu’ils considèrent être les leurs. Au cours de la dernière commémoration, chacun a reconnu les siens. Pour ce qui nous concerne, notre tribune ne comporte aucune personnalité du pouvoir ou de l’opposition, mis à part Saleh ould Hanena, qui est un ami personnel et auquel je suis lié par des liens autres que militaires et que tout le monde connait.

 

 Le gouvernement a adopté un projet de loi criminalisant tout ce qui exacerbe la ségrégation, le communautarisme etc. Qu'en pensez-vous ?

 

J’y souscris pleinement. Cependant, j’invite le gouvernement à prendre conscience que par sa politique et ses actes, il nourrit l’injustice, la ségrégation et l’exacerbation des tensions communautaires. A défaut de mettre fin à cette politique, il doit s’appliquer cette loi sur lui-même avant de chercher d’autres éventuels coupables.

 

Le rapport d'Alston, qui vient de sortir, il y a quelques jours mentionne que les haratines et les négro-africains sont exclus des centres de décisions, de l'armée etc. Votre réaction?

 

Cela est connu de tous et nous l’avons déjà explicité avec force détails depuis plus de 4 ans dans le document du Manifeste, de manière beaucoup plus détaillée et plus complète que les informations disparates contenues dans le pré rapport du rapporteur spécial des NU. Je me rappelle de la levée de boucliers qu’a suscitée ce rapport préliminaire du rapporteur spécial des NU, Mr. Philip Alston au milieu de l’année 2016.    

Cette fausse indignation, qui n’est en réalité rien d’autre qu’une hypocrisie de plus de ceux qui veulent perpétuer le statu quo, sonne comme énième preuve de la volonté de maintenir un système né de l’inégalité et survivant de l’injustice.  

 

 Chaque fois que le président d'IRA revient au pays, le pouvoir lui cherche noise, s'agite, mobilise les forces de l'ordre pour empêcher que les militants de son mouvement l'accueillent pacifiquement. De quoi aurait-il peur? Biram est-il dangereux à ce point?

 

Adressez-vous aux autorités pour leur demander quel épouvantail porte Biram sur lui-même ou dans ses bagages ? Ce dont je suis sûr, c’est qu’il dérange.

 

 Que pensez-vous des évènements qui ont suivi la décision du gouvernement de réguler le secteur du transport ?

 

C’est un indicateur ou plutôt un indice troublant du degré de frustration des jeunes et du délitement des rapports sociaux et intercommunautaires. Nous l’avons toujours dit et répété : les jeunes générations n’ont pas été élevées ni éduquées comme les fils d’un seul et même pays. Il appartient aux tenants du pouvoir d’enquêter, d’étudier et de trouver les solutions adéquates aux graves évènements des 2 et 3 Mai. L’extériorisation de la haine raciale ou communautaire, les troubles à l’ordre public visant une communauté spécifique, constituent à mon sens des raisons suffisantes d’inquiétude pour que les autorités publiques prennent à bras-le-corps ce phénomène. Ces évènements condamnables et répréhensibles doivent traités de façon à ce qu’ils ne se répètent plus. Ou attend-on que le pays s’embrase et devienne, à Dieu ne plaise, une autre Somalie ? 

 

 

 Que pensez-vous de Ely Ould Mohamed Vall, ancien président de la transition et qui vient d'être rappelé à Dieu, il ya quelques jours?

J’ai connu feu le président Ely ould Mohamed Vall, à travers les récits de soldats qui ont livré la guerre du Sahara sous son commandement. Dans les années 80, il m’arrivait alors souvent de convoquer dans mon bivouac un groupe choisi de mes soldats qui ont assisté à la guerre du Sahaar. Autour d’un thé et souvent la nuit et à la belle étoile, j’engage avec eux des discussions et j’écoute pieusement leurs récits des évènements de la guerre. De ces dizaines de discussions, un nom se dégage : celui d’Ely ould Mohamed Vall que je ne connaissais pas particulièrement. Je me rappelle tout particulièrement d’une phrase d’un sous-officier qui me disait une nuit : « Au cours de cette guerre, nous avons vu beaucoup d’officiers, de sous-officiers et de soldats très braves et très vaillants. Mais Ely ould  Mohamed Vall était un autre monde. » Ce détail dépeint le GRAND HOMME. Pour moi, cela suffit et tout ce qu’il a fait par la suite ne peut égaler ses hauts faits d’armes.

Toute la Mauritanie l’a pleuré et sa disparition laisse un grand vide dans le pays.

Propos recueillis par Dalay Lam