Sélibaby : Goursi reboisé

3 September, 2014 - 02:17

Du nom d'un marigot situé au sud de Sélibaby, Goursi est un lieu de rencontres ludiques et, parfois, pédagogiques. On y lave, traditionnellement, les habits des nouveaux époux, au quatrième jour du mariage. Le paysage, naguère riche et varié en espèces végétales, fut dégradé, au fil des ans, tant par l'homme que par les conditions climatiques défavorables, sécheresse et désertification. Mais voici le renouveau : le paysage de Goursi vient d’être complètement transformé, grâce à la transplantation de deux espèces d’arbres : l'acacia et le baobab.

Pas moins de soixante jeunes arbres ont été ainsi plantés, sur une superficie d'environ mille mètres carrés. Des espèces très importantes car, en sus de générer de l'ombre, elles produisent des fruits comestibles et éventuellement lucratifs. L’acacia produit la gomme arabique, très prisée pour ses vertus thérapeutiques. Elle peut être également utilisée pour donner un goût particulier à l’eau et réduire la sensation de chaleur. Nos compatriotes maures la torréfient puis la transforment en poudre qu'ils mélangent à leur boisson appelée communément « zrig ». En ce qui concerne le baobab, ses écorces peuvent être employées, pour la confection de cordes à multiples usages. Réduites en poudre, ses feuilles condimentent la consommation de certains mets, comme le couscous. Enfin, son fruit, le célèbre « pain de singe », dont la dilution dans l’eau fait, à tout moment, le bonheur des petits et des grands, lutte efficacement contre la diarrhée.

Si ces arbustes grandissent, les retombées environnementales, écologiques et économiques ne tarderont pas se manifester. De telles initiatives permettront de redonner un nouvel aspect à Sélibaby, avec un paysage régénéré, riche de sa diversité arbustive. Des actions à vulgariser, tant dans les concessions individuelles qu’autour de la ville. Signalons que les initiateurs de ce reboisement ne sont rien d'autres que des jeunes, imbus de l'esprit de bien faire et qui placent le développement de leur terroir au-dessus de tout. Avec des moyens modestes et un matériel rudimentaire (pinces, pioches, pics, grillages, fil de fer et bambou) mais avec une volonté inébranlable, ils donnent l'exemple, à leurs aînés passifs, qu'on peut réaliser des choses grandioses, sans moyens matériels ou financiers importants. Leur association, « Lelewalbaa  mtaaré Sukaabé Selibaby », présidée par Ba Adama Kalidou, ne cesse d'innover et d'étonner les Sélibabiens, par ses actions en faveur du développement local. Pour ces jeunes, seuls comptent les intérêts de Sélibaby. Ils ne sont pas à leur première action concrète. Ils ont ainsi clôturé le grand cimetière du quartier Collège et celui de Bambaradougou. Bravo à ces jeunes de bonne volonté qui œuvrent, inlassablement, pour le bien-être de leurs concitoyens vivant à Sélibaby !

La journée de reboisement, un événement jamais vu, de mémoire de Guimakhanké, comme disent les Soninkés – entendez, par-là, les habitants du Guidimakha – a été marquée par une forte affluence de jeunes volontaires (garçons et filles) et la clémence du temps. « Dieu soutient les bonnes actions », a-t-on pu entendre. D’autres n’ont pas manqué d’associer cette initiative aux efforts des agents de Développement, comme Alassane Thioye qui fut, des années durant, le premier responsable de l’antenne locale du Groupe de Recherches et de Développement Rural (GRDR) ou Kalidou Sy, Mamadou Mariam Ba, ou encore Kelly Abdoulaye, qui ont permis de rehausser l'événement et garantir le bon déroulement du reboisement (identification du site et conseils pratiques). N'eût été leur présence, cette opération aurait pu être compromise car la plupart des jeunes ignoraient tout des techniques assurant l’enracinement des jeunes plants.

Mais des inquiétudes, évidentes, subsistent. Comment réagiront les potentiels propriétaires fonciers qui pourraient croire à une éventuelle usurpation de leur domaine ? Procèderont-ils à la destruction, pure et simple, d'un si laborieux effort qui a duré quatre heures d'horloge ? Les gens respecteront-ils le grillage de protection, sans lequel les jeunes pousses seraient exposées à la dent des herbivores ? Quoi qu'il en soit, l'espoir est grand de voir ces plantes grandir et rétablir le couvert végétal.

Alassane Mamadou Sy

(Stagiaire)