Faire taire toutes les voix discordantes

26 August, 2017 - 19:54

Le gouvernement  mauritanien ne s’est pas seulement contenté  de couper  ou de fermer toutes  les ressources  provenant de publicités  et d’abonnements  pour faire plier la presse  indépendante, pire, il a décidé, avec l’interpellation  puis l’audition des  journalistes Moussa Samba Sy, Jedna Deida,  du quotidien de Nouakchott et du site Mauriweb  et Babacar M’Baye N’Diaye et de Rella Bâ du site très visité cridem.org,  de tenter de taire toutes voix discordantes en Mauritanie.

Le directeur du Calame, Ahmed Ould Cheikh, en séjour  à l’étranger,  connu pour ses éditoriaux très incendiaires  contre le régime en place  et  appréciés jusqu’au Palais, selon  certaines confidences  serait  probablement  chopé à l’aéroport Oum Tounsy de Nouakchott, le jour de son retour à au pays pour être  entendu par les limiers de la  brigade de la police économique. Les limiers de  la police économique   ont rendu visite à la rédaction du journal, le vendredi matin, 25 août,  pour  le cueillir  après  son collègue Moussa Samba Sy.  Ou  bien, serait-il  épargné, compte tenue du tollé d’indignations  et de désapprobations  que  l’arrestation  puis la libération  de ses confrères  a suscité au sein de l’opinion ?

Mais, tout cela pourquoi ?  Parce qu’à en croire le parquet général, ces journalistes seraient  suspectés  de faire partie  d’un complot que projetteraient   d’organiser  certaines personnes, comme le sénateur Ould Ghadda, gardé au frais depuis plus de deux semaines, mais aussi  d’autres réfugiés à l’étranger. Tout le monde pense qu’il s’agit de l’homme d’affaires Ould Bouamatou et  Moustapha Limam Chaafi.

L’interpellation des journalistes, qui font leur travail dans des conditions particulièrement critiques, attendaient-ils mieux de la part d’un pouvoir qui  cherche, par tous les moyens à faire toutes les critiques ? Certainement pas parce que tous ont le deuil des subsides  en provenance de l’État pour compter sur d’autres bonnes volontés.

Il y a quelques jours, un ami rencontré près de l’hôtel Khaima m’avait lancé cette boutade : Aziz va vous  faire ployer  sous les arriérés de taxes  et d'impôts pour vous faire taire. Avait-il  eu vent de ce qui se tramait ? C’est dire que le Calame s’attend à toutes les éventualités  et que les bonnes volontés, comme feu Abass de la BMCI ne le lâcheront pas. On se rappelle que ce  généreux homme  d’affaires avait,  dans la discrétion, apporté son aide au Calame quand il a été  interdit  pendant des mois sous le régime de Ould Taya. Il y aura toujours des cœurs généreux pour contribuer à la liberté de la d’expression.