Les avocats composant le collectif de défense de personnalités poursuivies par la justice mauritanienne pour « corruption » ont dénoncé l’implication directe du président Mohamed Ould Abdel Aziz
dans le traitement de ce dossier, mardi au cours d’une conférence de presse.
Parmi ces personnalités, on note l’ancien sénateur Mohamed Ould Ghadda, principal animateur d’une fronde contre la suppression du sénat, en détention provisoire depuis le 01 septembre dernier, et le banquier Mohamed Ould Bouamatou, réfugié au Maroc depuis plusieurs années, qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt international.
S’exprimant au nom de ses collègues, maître Yarba Ould Ahmed Saleh a estimé que le placement en détention préventive de l’ancien sénateur Mohamed Ould Ghadda révèle «d’une affaire politico-judiciaire dans laquelle le chef de l’exécutif a instrumentalisé la justice ».
L’avocat a ainsi rappelé que « les contours de ce dossiers avaient été clairement annoncés à travers des menaces de poursuites brandies par le chef de l’Etat dans tous ses discours à l’occasion de la
campagne référendaire contre le sénat ».
Pour sa part, maître Lo Gourmo a posé la question de savoir si «Mohamed Ould Ghadda est poursuivi en qualité de sénateur, ou de simple citoyen ? La réponse à cette question est fondamentale, car même dans la
définition de l’infraction de corruption la qualité du prévenu est décisive. Ce délit est défini par la qualité particulière de la personne concernée ».
Dans cette affaire bricolée, dont les initiateurs font preuve d’un incroyable amateurisme politique et d’une méconnaissance totale des règles de procédure et de droit dans le fond, plusieurs personnalités issues du milieu des médias et des syndicats ont été placées sous contrôle judiciaire.