Célébration du 57ème anniversaire de l’indépendance : Et après?

29 November, 2017 - 21:24

Comme prévu, les autorités nationales ont célébré le cinquante septième anniversaire de l’indépendance à Kaédi. Un anniversaire un peu spécial puisque les nouveaux drapeau et hymne nationaux ont été officiellement déroulés. Un drapeau avec deux bandes rouges aux ‘’lèvres’’ et un hymne national composé par un égyptien. Comme lors des déplacements présidentiels, tout ce que la république compte de politiques, de curieux, de désœuvrés et bien d’autres ont accouru des quatre coins du pays. Un défilé militaire. Une cérémonie de levée des couleurs. Un discours qui n’a été prononcé contrairement à la tradition que le jour de l’indépendance pour le faire coïncider avec la première présentation officielle des nouveaux emblèmes nationaux de la Mauritanie nouvelle. Déjà avant cela, le président a procédé à quelques inaugurations à Nouadhibou et à Boghé. Exactement comme ce qui se fait depuis cinquante sept ans à l’occasion de chaque vingt huit novembre. Absolument, rien d’exceptionnel comme essaient de le faire croire certains hauts parleurs du pouvoir. Très attendu, le discours du président a un peu déçu. En plus des traditionnelles citations des prétendues réalisations dans tous les domaines, le président a annoncé une augmentation sur les primes de craie des enseignants des trois ordres (primaire, secondaire , supérieur et technique) et sur les primes de risque des fonctionnaires du secteur de la santé en plus de la prise en charge par l’Etat des frais afférents aux cotisations des Personnels Non Permanents (les fameux PNP) à la Caisse Nationale de la Sécurité Sociale. Puis il a parlé de quelque chose sur l’Ouguiya que beaucoup n’ont pas encore bien compris. Pour cette augmentation sélective, le président a annoncé que quatre milliards ont été prévus dans le budget de 2018. Normalement, elle devrait profiter au moins à une trentaine de mille de fonctionnaires de l’éducation et de la santé. Par un petit calcul, on se rend compte que ces fonctionnaires se partageront un peu plus de trois cents millions par mois. Il est évident que par exemple le professeur du supérieur de l’université de Nouakchott n’aura pas la même prime de craie que l’instituteur de l’école fondamentale de Chabour Bouzreibiya ou que le professeur du collège de Bouratt. Pourtant, le premier ne fait que six heures (6) de cours par semaine, alors que les deux autres font respectivement trente heures (30) et vingt deux heures (22) par semaine. Le paradoxe est que cette augmentation ne dépassera pas cinq à six mille ouguiyas dans le meilleur des cas pour l’instituteur ou le professeur alors qu’elle ne sera pas moins de cinquante à soixante mille ouguiyas pour le professeur du supérieur. Tous les autres fonctionnaires non concernés attendront des jours meilleurs. Maintenant que le forcing du drapeau aux deux lignes rouges et de l’hymne galvaniseur est opéré, de quoi demain sera fait ? Certainement de la mise en œuvre du plan EMEL pour permettre la liquidation des 41 milliards destinés à subventionner les aliments de bétail au profit des éleveurs dont beaucoup ont quitté depuis plusieurs semaines le territoire national à la quête de pâturages au Sénégal et au Mali. Les tracasseries pour les marchés d’achat des produits et leur transport ont déjà commencé. La Société Nationale d’Import Export qui est au bout de la banqueroute ‘’lave ses calebasses’’ pour profiter de quelques composantes de ce programme dont les destinataires attendent comme sur des braises le déroulement afin de sauver ce qui peut encore l’être de leur cheptel fortement éprouvé par un très mauvais hivernage. La célébration du 57ème anniversaire intervient dans un contexte national particulier marqué par un recul inquiétant de certaines libertés fondamentales comme la liberté d’expression. Le refus d’autoriser le G8 à organiser une marche pacifique, la fermeture des médias privés, la poursuite injustifiée en justice des journalistes et des syndicalistes, la suppression du sénat et la répression des sénateurs, la situation économique du pays, l’exacerbation sociale et les tensions communautaires, la persistance de certaines pratiques comme l’esclavage, les revendications de la justice pour les assassinats extrajudiciaires perpétrés entre 1989 et 1991 , la déliquescence des secteurs sociaux de l’éducation et de la santé , l’insécurité ambiante dans les villes, la dégradation des conditions de vie des citoyens et la dégringolade de la monnaie nationale, la crise politique qui s’approfondit de jour en jour sont autant de choses qui justifient la désespérance de beaucoup et qui leur font dire : Célébration de l’indépendance à Kaédi, et après ?Sneiba El Kory