La part des choses

26 July, 2018 - 04:13

C’est avec bien peu d’intérêt que je me suis efforcé de suivre les péripéties des fréquentes incompréhensions entre diverses personnalités nationales de la politique, des droits humains ou autres domaines. Heureusement, d’ailleurs, souvent soldées par des initiatives de bons offices qui aplatissent les différends et remettent les choses en ordre. A titre d’exemple, le président Boydiel ould Houmeid a difficilement accepté, voici quelques mois, de renoncer à exiger que CRIDEM lui dévoile les noms derrière des prête-noms payés à rédiger des commentaires insultants à son encontre. Bien d’autres responsables ont eu maille à partir avec des journalistes, jusque devant les tribunaux. L’affaire de l’actuel ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Sidi ould Salem, alors directeur général de la SOCOGIM, avec Points Chauds, est particulièrement célèbre, parmi tant d’embrouilles entre journalistes et citoyens de tous horizons. C’est encore avec le même désintérêt que j’ai suivi la « passe d’armes », d’invectives et d’accusations mutuelles, entre le militant des droits de l’homme Birame et le journaliste Dedde Abdallah. Sans jamais m’employer à donner raison à l’un ou à l’autre, ce qui n’aurait d’autre effet que de jeter de l’huile sur le feu, comme certains confrères s’y sont malheureusement employés, on ne sait pour quelle raison, je reste tout autant convaincu qu’un homme de l’envergure du président Birame ould Dah ould Abeïd doit s’attendre à tous les coups et, donc, toujours garder son sang-froid, et qu’un journaliste soucieux de sa respectabilité doit accomplir son travail avec le plus grand professionnalisme et la plus grande vigilance. Les syndicats de presse doivent faire la part des choses : un journaliste est un homme comme tous les autres (président, ministre, député, hommes d’affaires…) ; il peut se tromper ou être de mauvaise moralité, tomber dans des travers qui desservent  son rude et ingrat métier, l’exposant ainsi à l’ire incontrôlée de certaines personnes. Certes, les journalistes doivent être protégés. Surtout dans l’exercice de leur fonction. Mais leur soutien, systématique, à leurs collègues, en toute « histoire où ils entrent » ne donne bonne image, ni de la presse, ni de ses institutions. Comme tous les autres citoyens, les journalistes doivent répondre de leurs actes et de leurs écrits. C’est d’abord en promouvant leur professionnalisation et leur moralité, en renforçant leur éthique et leur déontologie que leurs syndicats les aident au mieux. Une fois  ces tâches mises en avant, alors, oui, tous ces syndicats doivent exiger, à juste titre, le respect et la considération de tous aux soldats inconnus de cette institution indispensable à la démocratie, à la bonne gouvernance, aux droits de l’homme, à la justice, à la sécurité et au développement.

Sneiba El Kory