Med Hondo fut un grand cinéaste, un grand homme de cœur et un grand mauritanien

7 March, 2019 - 00:33

Je l'ai rencontré il y a quelques années à Paris. Il était hospitalisé pour une pneumonie. Il avait attrapé cette maladie au cours d'une tournée théâtrale où il jouait dans une pièce de Brecht. " Brecht vaut peut être bien une petite pneumonie’’, lui dis-je en riant", il m'a répondu tout sourires : "oui, absolument" Il parlait un vieux Hassaniya admirable, avec un accent né de son trop long séjour parisien

Je l'avais interviewé quelques années auparavant, à Nouakchott, pour le compte du journal "Chaab". Il essayait, je crois, de prendre pied ici, mais la conjoncture politique l'en a empêché. 

Med Hondo fit la une des médias internationaux avec des films comme "Soleil Ö" ou "Sarraounia". Il reçut de nombreux prix, il a longtemps honoré notre pays qu'il a quitté il y a  longtemps et qu'il n'a jamais renié même si certains lui refusent sa mauritanité. Savent-ils qu'il est né à Atar de parents mauritaniens, qu'il passa sa première enfance à Bir Moghrein avant d'aller, encore adolescent en France où il fit mille petits métiers tout en prenant des cours du soir? C'est un homme qui s'est fait à la force du poignet, un artiste qui a embrassé le cinéma avec passion mais aussi engagement, un engagement qui lui a valu bien de procès d'intention, ici et ailleurs. Mais Med Hondo restera dans les esprits ce qu'il a toujours été: un grand cinéaste, un grand homme de cœur et un grand mauritanien.

M’Bareck Ould Beyrouk