Le FMI prévoit une croissance économique, …mais l'industrie minière est en difficulté

16 October, 2019 - 19:55

À en croire le FMI, qui a achevé sa mission en Mauritanie le 9 octobre dernier, la croissance du pays « devrait atteindre 6,9% cette année, tirée à la fois par les secteurs extractifs et non-extractifs ». Impressionnant ! Mais à y regarder de plus près, on peut s’interroger : comment expliquer cette croissance et où ses effets sont-ils visibles ? Est-ce vraiment notre secteur extractif qui l'alimentera ? Certes, la richesse de notre sous-sol est inégalée mais les perspectives du secteur minier ne sont pas bonnes, à quelques exceptions près.

Le 2 octobre, MCM n’a-t-elle pas annoncé qu'elle réduirait ses effectifs d'une bonne centaine d'employés avant la fermeture de la mine en 2024 ? Une fois que MCM aura quitté la Mauritanie, il ne restera que deux opérateurs miniers actifs dans le pays : Tasiast et la SNIM. Pour l’heure, aucune autre société minière ne peut prétendre entrer en production. Malgré les fréquents voyages à l'étranger de Mohamed Ould Abdel Vetah - il était de nouveau en France le 10 octobre dernier - le ministre du Pétrole, des Mines et de l’Énergie n'a toujours pas réussi à convaincre le moindre investisseur minier d’envergure d’investir en Mauritanie depuis qu'il a pris ses fonctions en août 2016.

Aux dernières nouvelles, deux entreprises qui ont fait beaucoup parler d’elles cette année - Algold et Aura Energy - ne devraient pas contribuer à la croissance économique nationale à moyen terme. Le 1er octobre, Algold a publié un énième communiqué de presse annonçant des départs au sein de l’équipe dirigeante - il s’agit cette fois de trois des principaux directeurs -, ce qui laisse imaginer l’état de santé de la société. De son côté, Aura Energy ne semble pas avoir progressé depuis la signature de son contrat à la fin du mandat du Président Aziz. Ajoutez à cela le fait que trois permis d'exploitation du granite, accordés par le ministre Ould Abdel Vetah sous le président Aziz, ont été annulés par le président Ghazouani début octobre. Le gouvernement et le FMI misent vraisemblablement trop sur les petites entreprises minières et les spéculateurs pour explorer et valoriser le sous-sol mauritanien.

Bien sûr, les matières extractibles comprennent le gaz naturel offshore - qui suscite de grands intérêts et dont le FMI anticipe probablement les retombées économiques, dans ses prévisions. S’il ne fait aucun doute que les investissements de BP généreront de la richesse, cela aura un impact limité sur le quotidien des Mauritaniens. Le gaz étant offshore, peu d'emplois seront nécessaires, et Dakar détient d’ores et déjà l’essentiel des contrats liés à ce projet. Aucune autre entreprise minière ou gazière, étrangère ou nationale, n’ayant annoncé de projet d'investissement important, d'où viendra cette fameuse croissance mauritanienne ? La question reste posée.